Poda, allias Perrine Manaut

Créatrice de sculptures en terre cuite.

détail Poisson Poda

Poda, d’où vient ce nom ?

‘Poda’, est devenu mon nom d’artiste, il me résume, c’est l’abréviation de POisson D’Argile, que j’avais choisi comme signature dans mon enfance, jeu des contradictoires entre le poisson qui se meut sans interruption et une sculpture en argile qui est fixe, en apparences !

Le monde sous-marin que j’explore en plongée ou en apnée me fascine. La perfection des formes et des couleurs que peuvent revêtir les animaux marins me subjugue, j’ai parfois rêvé, je l’avoue, d’être une des leur !

Et l’Argile, le modelage, le rapport à la terre, c’est une passion que j’ai connue bien jeune et qui ne m’a plus quittée.

Comment puiser l’inspiration pour créer des sculptures

C’est en randonnant en haute montagne dans les Pyrénées que je me régénère.

Au fil des jours de marche devant des paysages vertigineux me viennent des images de sculptures abouties.

Et puis mon enfance est le commencement et la base de tout :

J’ai appris à dessiner, à peindre, à graver, à donner libre cours à ma créativité auprès de ma mère artiste peintre.

J’ai appris à explorer, à regarder le monde, à composer les images auprès de mon père sportif et photographe.

Ce regard toujours plein d’intérêt pour tout ce qui existe me permet d’être inspirée au quotidien.

La musique m’est indispensable, elle peut-être envoûtante, je la recherche plutôt mélancolique.

Yom, le clarinettiste et ‘son rêve de l’enfant’, par exemple, sait m’emporter et pendant que mon esprit s’évade mes mains modèlent l’argile de manière bien plus assurée.

Et quoi de mieux qu’une recherche de vie équilibrée pour créer avec sérénité ?

Après des études dans les grandes villes et de beaux voyages, j’ai établi mon atelier au creux de la vallée de la Barguillière, berceau de mes ancêtres, au pied des montagnes Ariégeoises.

Merci à l’être qui partage ma vie et qui m’entraîne dans la sienne, merci à nos 4 enfants qui me font grandir  et rester dans le coup !

Mes techniques de modelage et de décors de la terre

Le métier de céramiste comporte deux domaines de savoirs-faire bien distinct : celui du façonnage de l’argile, puis du décor.

Dans chacun de ces domaines, de multiples techniques se sont développées à travers les âges depuis le début de l’humanité. Elles se transmettent encore aujourd’hui de générations en générations, de cultures en cultures, sur tout les continents de notre globe terrestre!

Pratiquer ‘la céramique’ c’est pour moi, m’initier à ces techniques ancestrales, avec admiration et humilité tant il y en a.

C’est s’en approprier quelques unes, et en quelque sorte les adapter à son monde contemporain en utilisant l’ingénierie moderne et en surfant avec les tendances tout en y insufflant sa part de créativité.

Ce qui fait de chaque céramistes, potiers, artistes, des auteurs uniques et reconnaissables.

Ce métier est passionnant, l’apprentissage et la recherche y sont continuels. Sur le plan créatif autant que sur le plan technique.

Pour ma part, au stade du façonnage, je modèle l’argile avec mes mains et des ébauchoirs en bois de buis.

Durant un stage de formation, Dominique Bajard et ses taureaux magnifiques m’a transmis le geste du jeté de terre pour réaliser des plaques , une technique que j’ai adoptée à long terme.

Les plaques de terre ainsi obtenues me servent d’armature déformable pour construire de grandes sculptures.

J’aime tellement alterner les temps de travail appliqués, assise près d’une sculpture qui se modèle au millimètre avec patience et les temps de montage d’une grosse sculpture qui demandent force, grands gestes et endurance.

En fin de façonnage le décor se réfléchi, lorsque la sculpture est ‘cuir’, qu’elle commence à sécher, moins déformable, (lorsqu’on la lisse et qu’elle prend l’aspect du cuir ciré) j’y applique des empruntes de feuilles de ronce, ou je la polis en y incrustant de l’oxyde de fer.

Ce sont mes décors récurrents.

La ronce parce qu’elle est une plante pionnière, présente sur tous les continents en zone tempérées, symbole pour moi de la persistance de la vie, elle a de formidables vertus médicinales.

L’oxyde de fer car il est abondant dans la nature et qu’il teinte merveilleusement les sculptures sans disparaître en haute température de cuisson.

Je donne volontiers rendez-vous à tout randonneur pour aller observer les pierriers ferrugineux couvrant sur des kilomètres les flancs du Mont Calm, notre sommet emblématique de l’Ariège !!

Je travaille principalement 3 terres de grès, une noire, une ocre, une blanche, c’est encore ici la quantité de fer dans l’argile qui crée ces nuances. Ces teintes sont pour moi un magnifique parallèle à la variété de couleurs des peaux humaines.

Il faut toujours un temps d’apprivoisement quand on veut travailler une argile nouvelle.

Depuis plus de 10 ans, le grès de Bollène est devenu mon allié intime, il a su me séduire par sa plasticité et sa robustesse , par sa teinte ocre. Je sais pouvoir le transformer en grandes jarres solides pour les jardins autant qu’en petites figurines expressives. Il est donc idéal pour les commandes.

Mon parcours de formation

Formation continue en Arts plastiques, auprès de ma mère plasticienne Hélène Py et de mon père photographe.

  • Bac. littéraire option Arts-Plastiques (lycée Gabriel Faurée, Foix, 09).
  • DEUG sciences du langage (Université du Mirail, Toulouse, 31).
  • CAP décors en céramique (école de céramique d’Aubagne, 13).
  • Stage de Raku avec Dominique Bajard (Lyon,69).
  • Initiation au tournage (école d’Aubagne et stage chez les potières Marie Debrosse et Laurence Thomas – Mas d’Azil, 09).
  • Formation 2019 au transfert de l’image sur céramique crue (Atelier le Cube).

Et toujours des rencontres et des échanges enrichissants entre céramistes.

Et toujours évoluer dans son travail

Les rencontres avec d’autres artistes sont indispensables, comme autant de mondes à découvrir.

En Ariège et plus loin, entre céramistes nous tissons des liens d’échanges et de réflexions sur nos techniques de travail.

Par exemple lors d’impressionnantes cuissons au bois chez le potier David Quéron à Massat ou chez son Ami Tristan Chambaud Heraud en Dordogne.

Avec mon amie potière Cécile Bouyge de La Papoterie, nous cherchons comment exploiter respectueusement les ressources de notre territoire local afin de créer nos propres couleurs d’émaux et notre propre composition d’argile.

On entre là sur le domaine des lois de la physique par une approche empirique d’essais et d’observations, les recherches se compteront en années d’expériences passionnantes !

Être céramiste et écho-responsable au 21ème siècle, qu’est que cela représente ?

Créer un objet quel qu’il soit n’est pas anodin, le créer à base d’argile , cela signifie utiliser et ‘modifier’ de la matière et pour ce faire, consommer de l’énergie.

Cela signifie causer un impact environnemental, je l’ai toujours conscientisé et je tente de le mesurer ;

En cherchant les provenances de mes matières premières, en réduisant leur variété, en optimisant mes fournées, en produisant en quantité raisonnable sans rechercher le profit pour le profit, en privilégiant les ventes locales.

L’objet créé doit donc avoir du sens, mes sculptures doivent pour moi avoir plus qu’une utilité, une raison d’être, c’est une recherche constante qui m’habitera tout au long de ma carrière.

Cette utilité je l’ai longtemps remise en question avec des pointes de culpabilité avant de parvenir à comprendre que l’objet d’art est d’une nécessité absolue pour l’histoire de l’humanité.